Affaire Fatimétou: Rapport sur la libération de la fille esclave de 7 ans

Aujourd’hui, Dimanche 28 Juin 2009,  des habitants de Toujnine nous ont signalé la présence d’une petite fille de 7 ans qui serait détenue comme esclave chez une famille. La petite fille, selon les voisins, serait constamment battue,  maltraitée et non scolarisée.  Elle serait à la disposition de la famille  pour les taches quotidiennes.

9h37 : Biram ould Dah ould Abeid de SOS esclaves, représentant de la commission des Droits de l’Homme, et Aminétou Mint Mokhtar, Présidente de l’association des femmes chefs de familles, arrivent à la préfecture de Toujnine  afin de soumettre le cas de cette mineure esclave au Préfet.

10h11 : Nous sommes reçus par Monsieur Ba Amadou qui est le préfet de Toujnine. La discussion commence et un individu vautré sur un siège tente de s’accaparer la conversation, et cela malgré la présence du Préfet et d’un adjudant. Ceux-ci sont dépassés et les débats sont houleux. Devant le refus de Biram de discuter avec lui car il ne représente aucune autorité, celui-ci se déclare être un membre de l’administration territoriale et donc qu’à ce titre il a tous les droits. Il se lève se met à vociférer des propos et menace physiquement Biram tout en le menaçant verbalement. Devant le silence du préfet, l’adjudant se met à discuter avec l’individu et le convainc de sortir de la pièce. Une fois celui-ci sorti et après une discussion brève et conciliante, le préfet demande à tout le monde de sortir afin de discuter avec Biram. Le préfet a, selon Biram, dit qu’il comprenait le travail qui était fait en matière de lutte contre l’esclavage mais que ça le mettait dans une situation délicate.  Le préfet décide d’envoyer toute l’équipe au commissariat de Toujnine afin que le commissaire se charge de récupérer la petite fille.

11h00 : Nous arrivons au commissariat de Toujnine. Nous attendons Biram qui discute avec le commissaire Isselmoun Abdallah.

11h37 : Nous partons avec le commissaire chez la famille qui détient la petite esclave. Une vieille dame nous reçoit, elle s’appelle Moumna. La petite n’est pas là, elle est chez Khadre qui se trouve être la nièce de Moumna. Nous allons chez la nièce, le commissaire pénètre chez Khadre et sans l’aide de personne retrouve la petite fille (seule noire parmi des Blancs). Le commissaire sort avec la petite qui porte des vêtements sales et déchirés. La petite fille commence à pleurer et à hurler de peur. Le commissaire la fait monter à l’arrière de sa voiture au prés de la maitresse. Khadre les rejoint dans la voiture et les deux femmes se mettent à parler à l’enfant. Nous partons pour la préfecture.

12h00 : Nous arrivons chez le Préfet. La petite Fatimétou habillée en guenilles et sans chaussures est devenue toute calme. Elle est sur les genoux de Moumna qui se comporte comme sa grand-mère. La petite est visiblement bien entourée, nous pourrions penser qu’ils forment une vraie famille tellement la mascarade est bien présentée. Le préfet demande à la petite fille si elle est esclave devant la douzaine de personnes se trouvant dans le bureau autour d’elle. Le préfet finit par constater que celle-ci ne sait ni lire ni écrire ni compter alors que selon ses maitres elle serait scolarisée. Le préfet transmet l’affaire au commissariat du Ksar, au service des mineurs.

12h15 : Nous allons tous au commissariat du Ksar( rue 21-096), nous sommes reçus par le commissaire Yall Abdoulay. Moumna, la propriétaire de la fille étant âgée, elle ne peut monter les escaliers et c’est donc sa nièce Khadre qui monte avec la petite au bureau du commissaire.  Elle commence par dire au commissaire qu’elle a un parent à elle qui travaille dans le commissariat et celui-ci lui répond qu’il le connait. L’audition commence et la femme voyant la fermeté du commissaire et sa volonté d’appliquer la loi, elle craque et dénonce Moumna comme la propriétaire de l’esclave. Khadre tombe en pleure et déclare que la petite Fatimétou est un cadeau de la sœur de la femme du Général Boumba ould Bay à sa cousine. La petite Fatimétou est donc bien une esclave offerte en cadeau comme un objet. Le commissaire Yall contacte le procureur de Nouakchott qui décide une garde à vue.

12h56 : Un procès verbal va être fait et Moumna l’esclavagiste va aller en garde à vue. Moumna assise en bas des escaliers dit qu’elle n’a commis aucun pécher devant Dieu et qu’il est normal qu’elle détienne cette petite fille car elle fait parti de ses biens. Elle ne comprend pas le fait qu’on la traite comme une criminelle, elle qui est une bonne musulmane. Nous sortons du commissariat et des journalistes interviewent Biram sur ce cas d’esclavage.

13h54 : Nous attendons devant le commissariat afin de connaitre la suite de l’affaire. Une femme nommée Frédérica de Terre des Hommes  qui travaille sur les mineurs vient s’enquérir de la situation de la petite fille. La famille de la propriétaire de l’esclave commence à arriver petit à petit.

14h05 : Nous partons voir un journaliste afin qu’il publie les photos sur un site internet d’information afin que le monde sache que des Humains sont retenus en esclavage en Mauritanie.

A défaut de centres sociaux dans le pays, la petite Fatimétou est hébergée  par une militante des droits de l’Homme en attendant d’être reçue par  le procureur de la république.

Aujourd’hui Mardi 30 juin : La famille de la petite Fatimétou doit venir demain au tribunal afin de récupérer leur fille. L’ironie ou le malheur est qu’en Mauritanie, l’on est esclave par la mère, ce qui veut dire que cette famille est une famille esclave et qu’elle est envoyée par la famille esclavagiste pour récupérer un de leur bien, à savoir la petite Fatimétou et cela en toute légalité.

Mercredi 1°juillet

09H00 : Boubacar Messaoud, Président de SOS esclaves et Aminétou se rendent au commissariat de Socogime PS avec la petite Aminétou afin de rencontrer le commissaire Yall.

10h50 : Boubacar Messaoud, Aminétou et la petite Fatimétou ,arrivent au Palais de justice accompagnés par le commissaire Yall. Dans le même véhicule se trouve une femme  noire très âgée qui prétend être la grand-mère de la petite Fatimétou. Cette vieille dame habillée de Guenilles est accompagnée de trois femmes blanches et d’un blanc. Tous les quatre sont richement vêtus et se prétendent être des amis des de la famille. Ces individus tentent de convaincre Amimétou et Boubacar Messaoud de faire cesser cette « querelle »  inutile. Mais ils ne cèdent pas car déterminés à faire valoir les droits de la petite Fatimétou.

L’atmosphère est tendu, le commissaire Neijoub fait un bref passage ( Avec deux de ses hommes il a agressé physiquement Boubacar il y a peu). Le Procureur Lee Amadou Ciré décide de confier l’affaire à un substitut du procureur qui visiblement est très jeune.

11h30 : La vieille dame qui se prétend être la mère est auditionnée. Au même moment la petite Fatimétou entre dans le bureau du substitut du procureur avec Maitre Fatimata Mbay son avocate pour être auditionnée.

12h30 : La petite Fatimétou et Maitre Fatimata Mbay sortent de chez le substitut du procureur. Selon Maitre Fatimata Mbay, la vieille dame prétend être la grand-mère, dit que la fillette n’a pas de pére et justifie l’absence de la mère par le fait qu’elle soit à Kaédi en train d’accoucher. La petite Aminétou ne connait pas cette femme et affirme que son père vient souvent lui rendre visite afin de récupérer le salaire de la petite fille.

13h10 : L’affaire est classée sans suite et la petite fille est remise à la vieille dame. Le monsieur qui les accompagnait emmène la petite Fatimétou. Maitre Fatimata Mbay conseille à Boubacar Messaoud et à Aminétou de continuer à enquêter sur la situation de la petite Fatimétou car elle a de forts soupçons sur sa condition d’esclave. Le substitut du procureur à défaut de condamner Moumna pour esclavage, ne la condamne même pas pour avoir enfreint  la loi en exploitant une mineure et cela en violation de la convention internationale sur la protection de l’enfant que la Mauritanie a signé.  Moumna est relachée. Le substitut du procureur interdit formellement à SOS esclaves et à l’association des femmes chefs de familles de continuer à enquêter.

SOS ESCLAVES ET ASSOCIATIONS DES FEMMES CHEFS DE FAMILLES

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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