Blessure ouverte dans l’âme de mauritanien noir

Biram

L’Esclavage en Mauritanie : Arrestation de Biram

Incontestablement, il est juste ce qui est juste soit suivi, mais il n’est pas nécessaire, celui qui est le
plus fort soit suivi, la justice sans la force est tyrannie, la force sans la justice est contredite.
L’article 11 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen stipule que : «
Tout citoyen du pays peut parler, exprimer librement , sauf à répondre l’abus de cette liberté dans les
cas déterminés par la loi ».Sans l’application de cette loi, il ne peut pas y avoir de la Démocratie. Le droit ne peut vaincre que là où règne la Justice et la l’Égalité entre les citoyens, sans distinction dans toutes ses formes. Sans l’application de cette justice, le droit devient caricature et inerte.
Pour avoir initié une caravane contre les expropriations et l’esclavage fonciers dans plusieurs localité du Sud de la Mauritanie, trois défenseurs des Droits humains, Biram Ould Dah Ould Abeid, président de l’Initiative pour la Résurgence du Mouvement Abolitionniste (IRA) en Mauritanie, Ibrahim BILAL vice-président du même mouvement et Djiby SOW, président de KAWTAL, ont été mis aux arrêts. D’autres militants des Droits humains sont aussi à la prison civile de Nouakchott, la capitale.
Par ces arrestations massives et ciblées, le régime raciste de Mohamed Ould Abdel Aziz, se dit, Président des pauvres nous dévoile une fois de plus son vrai visage raciste. Et par conséquent, il confirme son incapacité à apporter des solutions convenables aux questions cruciales du pays.
Le peuple mauritanien a bien reçu le message du Président de la République: est désormais criminelle, toute personne qui ose s’insurger contre les dérives du régime. Dénoncer l’accaparement et la concentration de tous les pouvoirs par une seule race, les pratiques esclavagistes des notables ou la spoliation des terres agricoles des paysans de la vallée est considéré comme un délit passible de peines d’emprisonnement ferme.
C’est pourquoi jusqu’ici IRA-Mauritanie compte à elle seule près de 45 militants derrière les barreaux des prisons mauritaniennes. L’acharnement de l’État contre les militants de d’IRA et TPMN (Touche Pas à Ma Nationalité), est une violation des droits des citoyens. L’interdiction de se réunir et de manifester est une autre obstruction faite aux libertés individuelles. Qui peut nier le racisme d’État et la persistance de l’Esclavage en Mauritanie? Quel citoyen digne et honnête ose se taire quand il constate l’expropriation des paysans de leurs propres terres? Mais en réalité, le mécontentement de l’imam de la grande mosquée saoudienne Ould Abeid Rahmane qui refuse la contradiction d’un imam hartani, ou encore les doléances des chefs de tribus les Hodhs interpellent plus les autorités que les revendications des militants. Ces agissements ne révèlent-ils pas une politique clairement discriminatoire ?
Tant que les citoyens mauritaniens ne sont pas considérés sur le même pied d’égalité, il y aura toujours des insurgés. Ni l’intimidation, ni l’emprisonnement n’arrêtent la volonté des personnes déterminées dans la lutte pour l’Égalité et la Justice. D’où le bien-fondé des activités de cette caravane que l’État mauritanien vient d’interrompre. En effet, les politiques nationales de lutte pour l’Abolition de l’Esclavage relèvent de la démagogie pure et simple. Comment peut-on combattre honnêtement l’Esclavage alors que l’on nie son existence même ? De même, pourquoi jamais un présumé coupable n’a-t-il été incriminé par la justice pour pratique de l’Esclavage ?
Pourtant, les organisations telles qu’SOS-esclaves et IRA ne cessent de présenter à la justice des cas… Ici encore, il faut le dire sans tergiverser, l’État cède toujours à la pression des familles des coupables des pratiques esclavagistes et, pire encore, il leur offre sa protection et son soutien.
Pareillement, les tortionnaires identifiés par les rescapés des événements sanglants de 89 bénéficient de promotions. Tout récemment, Mohamed Ould Abdel Aziz a nommé deux criminels au poste d’attaché militaire, à savoir le Colonel Mocktar Ould Mohamed Mahmoud à Madrid et le Colonel Ismaél Ould Chebeta. Sans parler des autres généraux qui se remplissent les poches et dirigent chaotiquement les destinées du pays. Mais, l’heure est venue pour la nouvelle génération de prendre sa responsabilité devant l’Histoire. Comment construire une unité nationale durable dans cette perpétuelle provocation symbolique? Pourtant, nombreux sont ceux qui tombent dans la manipulation étatique. Partout, ils reproduisent le discours accusateur des autorités à l’encontre des militants de droits de l’homme.
Certains mêmes vont jusqu’à incriminer ceux qui agissent à leur échelle. Ils distillent ça et là leur vile morale. Ainsi, chaque jour que Dieu fait, on observe l’instrumentalisation de la religion pour berner. Pire, jamais la justice prônée par Allah n’a été appliquée sur les assassins des militaires noirs dans les années 90. Combien d’érudits, combien d’imams observent sans lever le petit doigt les autorités malmener leurs concitoyens vivant dans la détresse et la misère sociale? Cependant, lorsque c’est l’État qui est attaqué, ils sont enclins à ressasser le vieux discours « Malheur à celui qui réveille la fitna ». N’est-il pas profondément indécent qu’un religieux, un intellectuel ou un homme politique fasse un discours sur le respect du droit, alors que l’on opprime ne serait-ce qu’un citoyen? La véritable morale consiste à rappeler aux dirigeants que leur mission est de servir le peuple. Combien de citoyens sont-ils privés de leurs droits fondamentaux ? Pourquoi nos richesses ne sont-elles pas équitablement partagées ? Pourquoi prive-t-on des familles entières de leur citoyenneté ? Pourquoi des tortionnaires dirigent-ils l’armée ? Pourquoi les victimes des événements de 89 ne bénéficient-elles d’aucun mémorial quand Mohamed Ould Abdel Aziz se targue d’être un président d’unité ?
La vérité en est qu’étant lui même complice du désordre institutionnel, Mohamed Ould Abdel Aziz
adopte un comportement totalitaire. Il ne sait ordonner que la répression. Seule l’occupe sa course effrénée à l’enrichissement. Et comme cette entreprise ne fleurit que dans la stabilité politique, il n’hésitera pas à user de tous les moyens pour étouffer dans l’œuf toute volonté révolutionnaire. Cependant, le faux l’élite dirigeant AZIZ oublie que, pour construire ou consolider des institutions démocratiques, la paix sociale est nécessaire. Celle-ci n’est possible que du moment où les identités et les doléances des citoyens sont respectées, et ce sans distinction de race ni d’origine tribale.
Les clivages socio-culturels s’exacerbent et l’étau se resserre. Aujourd’hui, tout le monde s’accorde
à dire que la Mauritanie est au bord du gouffre, mais rare sont ceux qui osent dénoncer directement et ouvertement les instigateurs corrompus, ces prédateurs de ce pays.
Il est grand temps que toutes les forces vives convergent pour mettre fin au système qui opprime depuis près d’un demi siècle la population mauritanienne. Chacun doit assumer pleinement son rôle d’acteur social et utiliser tous les moyens pacifiques pour fléchir les tenants de ce système, qui est entrain de détruire le pays. Aujourd’hui, la Mauritanie est assise sur une bombe qui peut explorer à tout moment. Personne n’est à l’abri de ces dirigeants opportunistes, de ces prédateurs, de ces obscurantistes. J’ai honte pour mon pays pris en otage par ces obscurantistes.

SALL Abdrahmane Abdrahmane
Enseignant et Militant du
Mouvement TPMN et IRA
sallabdrah@gmail.com

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