Dagana 27 ans après, quelle délectation de remémorer le temps?

Dagana

Louange à dieu, j’avais frôlé le sol Daganien, après 27 ans d’absence car ma dernière présence dans ce qui fut jadis un comptoir français pour des maisons de commerces comme Petersen, Cie Fao, Oldani, Devès, Chaumet ,Buhan, et Tessère, un lieu de ravitaillement des caravanes , un arrêt de repos pour ceux qui viennent de Bamako, Khaye, Matam, Podor destination Saint-louis ou Dakar, un passage obligé du bateau Ould Ebnou Moughdad (Bouyel) pour les intimes quant -il serpentait le fleuve Sénégal allant vers Bakel, avec des escales à Gourel Bocar sy, Fanaye, Saldé, Niakwar, Ngawlé; mais surtout un lieu de refuge et de sécurité pour les fugitifs Hratin qui fuyaient les braises de l’esclavage de l’autre côté du fleuve créant des villages de liberté appelé LIGDOUDA(pluriel du GAD); ma dernière venue dans ce beau site du Walo remontait à 1988, jeune écolier de l’époque passant mes vacances chez ce qu’on appelait BOUTIQUES NAR où souvent je venais apprendre des cours de vacances que dispensait l’école élémentaire ALGOR DIOUM, ce qui a d’ailleurs beaucoup renforcé mes rudiments linguistique de base d’alors.
Arrivé un jour avant le grand événement: LA GRANDE NUIT DES ARTS MARTIAUX DE DAGANA ; invité avec le Senséi Mohamed Fall par des amis du service Départemental des Sports, pour exécuter des Kata supérieurs et leurs BONKAÏ (explications), moi le KURURUNFAN et lui le ANNAN , j’ai essayé de revisiter le passé , quelle dégustation et quelle surprise ?.
A Dagana, tout est resté intact, le rituel des baignades et des lessives matinales, les traversée en pirogues pagayées , les mêmes maisons, la même architecture, les mêmes rues, bref on dirai que ce beau Dagana jalouse de ce qu’elle était a marqué un temps d’arrêt, que je lui manquais et qu’elle m’attendait nonobstant mon infidélité à son égard car mon dernier séjour remontait à presque trois décennies passées. Seule le grand marché (marché boumag) se trouvant pas loin du fleuve dans le quartier kaw Dagana(Dagana Haut) est en voie de déménagement, dans ce quartier les vestiges du temps colonial sont toujours visibles, les maisons toits en touilles rouges noircis par l’ardeur de plus d’un siècle de soleil, bâtiments à hauteurs imposantes se maintiennent, traversent les temps et refusent l’oubli; trois autres places m’ont émotionnellement manqué , c’est le grand jardin à côté du marché transformé en somptueux Hôtel , l’endroit mystique du fleuve appelé (Machraa Djénaba Ndiaye ) complètement bétonné et fermé, beaucoup de chose se racontaient sur cette partie du fleuve, on disait que Diénaba Ndiaye femme mystérieuse habita la profondeur du fleuve et qu’elle enleva souvent des enfants qu’elle amena avec elle et que seule un descendant la famille SARRIENNE versé dans le mystique fluvial , détenant des secrets ancestrales pouvait la suivre dans l’abysse pour ramener le disparu, et le petit marché (marché boundaw ) se trouvant à DIEUMAGUEN, jadis construit en hameaux et pailles tissées( Seket) transformé en bâtiments flamboyants neufs. Certes il y’a de nouveaux monuments édifiés et d’espaces aménagés comme le lycée Ablaye Wade , le grand stade sur la route nationale , l’imposant statut devant la préfecture de de la reine du Walo DIENBITTE MBODJ , la nouvelle esplanade des jeux et le croisement de Bountou dagana ( porte Dagana) ce qui n’a point changé en moi son beau visage que j’aimai tant; autre chose ma également manqué suivez mon regard, oui les petites Jacline, Astou et Oumou ont apparemment toutes grandies et mariées, la première en Italie et les deux autres à Dakar.

dans ce quai et comptoir historique , la cohabitation intercommunautaire est parfaite, ce que m’attestait la vielle Moulkheir les 70 ans passés qui me disait les haratines des deux GAD ( GAD BABE et GADE DEYMAN ) en plus des haratines des quartiers comme SINTIAN, DIEUMAGUEN , MAGADAN , HLM, DIAKHSSAW, et SANTIABA sont fiers d’être des sénégalais, nous sommes bien intégrés, nous jouissons des mêmes droits que tous les autres citoyens et l’état nous reconnait en tant que communauté.
C’est le cas aussi du vieux Alassane Sow, natif de Kaédi , 2e promotion de la marine marchande du centre Mamadou Touré de Nouadhibou, stagiaire dans l’unique bateau de l’époque, Jean Claude, travaillant dans les premières sociétés Mauritanienne de pêche à Nouadhibou (SOMAPICO et GUERVA) avant d’être recruté le 5 avril 1966 au warf de Nouakchott et que les évènements de 1989 l’avaient amené à DAGANA dans le nouveau quartier : camps de refoulé, se sentant complétement assimilé dans son pays d’accueil, le Sénégal, loin de ce qu’il appelle les incertitudes et les fâcheries de sa terre natale.

Maham Youssouf

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