Communiqué de presse de l’ONG IRA – Arrestation de 5 militants de RAG

Que se passe-t-il ?

Le 21 septembre 2022, à Nouakchott, et dans un climat de diabolisation du mouvement abolitionniste et de son  chef de fil Biram Dah Abeid, cinq militants du parti pour la Refondation et une action globale (Rag), aile politique de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste en Mauritanie (Ira-M), ont été convoqués et enlevés par la police, avant leur déportation vers Kiffa, à 600 km de la capitale, dans une brigade de gendarmerie. Aucun motif juridique n’a été signifié aux victimes et la procédure se déroule, jusqu’ici, en dehors du droit.

Les détenus, mesdames Salma Dia, Ghamou Achour  et messieurs Cheikh Vall, Hassan Moktar et Mohamed Ali, dès leurs arrestations, ont été privés de repas, de sommeil, de changer leurs vêtements, de se laver ou brosser leurs dents et ce, pendant la moitié d’une journée et toute une nuit; le matin du 22 septembre, ils ont été embarqués dans une voiture inconfortable qui les a conduits à des centaines de kilomètres plus loin, sans qu’ils n’obtiennent plus d’un seul arrêt, pour la prière. Il leur serait reproché d’avoir vigoureusement porté la contradiction à un agent, muni de la mission de les provoquer; c’était lors de la tournée du député Biram Dah Abeid en Assaba, contrée dont est natif le Président de la République ; l’incident, survenu, à Fam Lekhdheratt depuis 18 jours déjà, vient d’être opportunément qualifié d’agression à l’encontre de Ishagh Abdallahi, porte-voix de l’un des oligarques de la région, Monsieur Lemrabott Ould Bennahi, ministre du commerce et de l’artisanat.

Le substrat invisible

La tentative de sabotage se déroulait au titre de l’habituel zèle des cadres autochtones, quand un opposant essaye de porter la bonne parole à l’intérieur de leurs fiefs féodaux. L’usage, d’ailleurs fort couteux en moyens et actes d’intimidation, date de l’ère du colonel Ould Taya, lorsque le Parti républicain démocratique et social (Prds) achetait les consciences à tour de bras, semant, parmi la population, les germes féconds de la cupidité et de la crainte. Il semble que l’Union pour la république (Upr), désormais maquillée en Equité (Insaf) s’engage à réhabiliter l’héritage de son aïeul funeste, malgré l’évidence de l’anachronisme. Notre époque ne se prête plus à des manœuvres aussi archaïques qu’inefficaces. La peur de critiquer le pouvoir du moment et la docilité à l’endroit de la force brute ne font plus partie des réflexes dominants au sein de l’opinion ; le ministre de l’Intérieur, quasi-régent du quinquennat du gâchis, n’a pas encore compris l’évolution du monde. Son maître spirituel, l’actuel Chef de l’Etat, lui accorde, hélas, trop de prérogatives. Négligence ou complaisance, le choix coûtera cher à la stabilité de la Mauritanie, dans un contexte de désordre et de précarité des relations internationales. Sous peine d’aventurisme, un autodidacte monolingue ne devrait jamais diriger ni même contrôler, la sécurité intérieure d’un pays qui aspire à se faire gouverner par la prudence et le discernement.

Prise de risque excessive

A la suite de quelques améliorations en matière de droits humains depuis l’alternance formelle de 2019, le dernier gouvernement, sous la houlette vague du Président Ould Cheikh Ghazouani, promulgue des décrets qui érodent le peu de réformes engrangées au terme de 3 années de tâtonnements, d’approximations et d’erreurs toujours en attente de leur autocritique. L’échec de la prétendue lutte contre la corruption mais aussi sa conséquence, – le blanchiment de la plupart des protagonistes de la gabegie – reflètent l’errance, voire la divagation d’un régime, sans perspective, d’ailleurs inapte aux grandes œuvres mais où s’exprime, de temps à autre, une velléité de vigueur, un soupçon de fermeté….Or, le fonds mental et le terreau de recrutement des affidés et serviteurs de ce système ethno-tribal en décomposition vertigineuse reposent sur la faiblesse, l’incertitude et le déficit d’idées. La probabilité d’un échec aux futures échéances du suffrage universel direct conduit, le noyau de l’oligarchie, à user d’une pression préventive sur ses adversaires. Le refus de reconnaître les partis et associations de la dissidence constitue, ici, un signe manifeste de tricherie, sans doute conçu par un esprit bédouin.

Notre réaction

Une réplique de légitime défense s’impose. Elle restera, comme d’habitude, enracinée dans la non-violence et la disponibilité au compromis. Aussi, tous les partenaires d’IRA à l’étranger et dans la sous-région appellent à des manifestations, le mercredi 28 septembre 2022, de 12h à 14h. Accompagnera le mouvement, la mobilisation d’un collectif d’avocats nationaux et internationaux au cours de cette nouvelle épreuve face à une “justice” conçue en vue de sévir contre les citoyens d’ascendance sub-saharienne.

IRA appelle les organisations non-gouvernementales et les organismes gouvernementaux sous régionaux ainsi que les États libres partenaires de la Mauritanie, à observer de près le retour de l’arbitraire dans le pays, l’instrumentalisation des forces de sécurité, de la justice et du pouvoir de l’Etat, afin d’assurer l’obstruction à l’alternance démocratique.

 

Le Bureau Exécutif

Nouakchott, le 25 septembre 2022

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *