Message à l’occasion du retour du président Biram Dah ABEID à Nouakchott après une grande tournée aux États Unis d’Amérique (USA) et en Europe.

Je cherche protection auprès d’Allah contre Satan le maudit. Au nom d’Allah, le Tout
Miséricordieux, le Très Miséricordieux : « Nous avons déjà inscrit dans le Zabour, après le
Rappel, que la terre sera héritée par Mes serviteurs vertueux. » Parole véridique d’Allah.

Mes sœurs et frères Mauritaniens,

Je m’adresse à vous aujourd’hui, simple citoyen de la terre, non en qualité de politicien
venu à la rencontre de ses partisans. Je vous exhorte en homme, épris de son pays, lequel
s’étend, comme nos blessures ouvertes, de la rive de l’océan aux confins du désert. Je
parle aux habitants des villes, des plaines et les vallées, des dunes et les collines,
jusqu’aux plateaux et montagnes.
Je rentre à peine d’un voyage sous des latitudes lointaines où vivent des compatriotes ;
leur propre patrie, la nôtre à tous, les contraint à l’exil. La gouvernance de chez nous ne
cesse de produire de l’arbitraire et une perte exponentielle confiance dans les
institutions. Ainsi, l’oppression constitue, à présent, le pain amer de la majorité. Chaque
jour, le Mauritanien y goûte, à son corps défendant.
Avec les exilés des terres lointaines, j’ai écouté des centaines d’histoires, différentes
quant à leurs détails et si similaires par les causes et la récurrence des tribulations.
Chers compatriotes,
À l’étranger et ici, dans la Mauritanie prise en otage et sinistrée, je me sens lié, à vous, en
vertu de la confiance et de la sincérité. C’est alors que j’ai ressenti la surcharge de la
responsabilité, lorsque vous avez été unanimes, en Amérique du Nord et Europe, à me
dire vos attentes d’un avenir radieux. Je mesure qu’il s’agit, plus qu’hier, de sauver la
population et la société d’un naufrage imminent, brutal et prévisible, à l’image de la fin –
identique – des pouvoirs de corruption, de fraude, de prédation et d’impunité qui nous
subjuguent et désespèrent depuis le coup d’Etat de 1978.
Je décris, ici, la déconfiture en cours, dans un océan de falsifications des consciences,
des diplômes, des compétences, des concours, des grades, des promotions, de la
monnaie, des marchés publics, des marchandises, des médicaments, des élus et même
de la religion… Devant l’acuité du péril, je prétends incarner le sursaut nécessaire en vue
d’endiguer le flot tempétueux du narcotrafic, de la contrefaçon de médicaments et du

blanchiment d’argent illicite, toutes variables de désordre dont découle l’irrépressible
destruction du crédit de l’État au service d’une gouvernance de l’improvisation
mercantile. L’économie du crime en col blanc se perpétue, d’abord, grâce à la rotation
tribale du « chacun son tour ». Les discriminations, le racisme et le recyclage permanent
des médiocres en ponctuent le fonctionnement. Même sur le sable meuble où rien ne
pousse, les médiocres savent cultiver une solidarité compacte, face à l’émergence
menaçante du moindre mérite. Pour notre bien commun, nous voulons leur accorder un
congé définitif, les conduire à la retraite d’office, bref arracher, à cette gent parasite, les
instruments de la nuisance, en l’occurrence le titre, le cachet et la rémunération indue.
Leur présence à la tête de l’Etat, alors que le péril extérieur se rapproche de nos
frontières, aggrave les conséquences du dysfonctionnement et nous expose à un surcroît
de vulnérabilité.
Chers concitoyens,
Bientôt, avec l’aide d’Allah, grâce à votre foi en notre projet de salut et à la fermeté de ma
résolution personnelle, vous réaliserez ce que vous espériez avec impatience, en somme
une rupture totale d’avec les archaïsmes hérités. L’avènement de l’égalité, l’élan vers la
répartition des richesses et des opportunités, tel se présente la promesse de l’intérêt
général. L’effort sera à la fois équitable et lucide et ne tolérera aucune distinction entre
les ressortissants de l’intérieur et ceux issus de nos diasporas. Ouvrons, ensemble, une
nouvelle page de notre histoire afin que la primauté de l’éthique, de la sûreté individuelle,
de la modernité et de la stabilité deviennent la norme et le fondement du contrat global.
Merci à chaque Mauritanien ayant parcouru de longues distances, au détriment de son
travail et de ses engagements, mus par l’aspiration légitime à une communauté de destin,
désormais aléatoire, en danger d’extinction. Vous savez le zèle des militaires déguisés en
civils à malmener puis compromettre un bien aussi inestimable que l’envie collective de
faire société : Le consentement du gouverné, la reddition des comptes par le gouvernant
et l’arbitrage de leur éventuel contentieux à l’ombre de la loi, voici la pénurie du moment
! Nous travaillons, dorénavant, à ériger, sur le sol, de nos ancêtres, l’abondance des
droits, la permissivité générale et l’autonomie des juges. Sans de tels préalables, la
République se réduit à un slogan que la succession des jours se charge de démentir.
Je dis grand merci aux Mauritaniens d’Amérique du Nord et d’Europe et réitère ma
reconnaissance militante aux organisateurs de nos réunions.
Le lendemain meilleur est à portée. Poursuivons la marche victorieuse !

Biram Dah Abeid

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