Commencez sans nous ! Les limites de l’escroquerie politique en Mauritanie

Note d’information du 15 juillet 2025
L’initiative de résurgence abolitionniste (Ira), décline l’offre de participation au « Dialogue » national que le gouvernement, des acteurs de la compétition partisane et certains segments de la société civile s’apprêtent à rassembler, dans la capitale Nouakchott. Le cadre de discussion remonte à une décision du Chef de l’Etat, en date du 27 novembre 2024.
1. Le détail de nos réserves et objections alimentera d’ultérieurs développements, au titre de la campagne de sensibilisation que le camp de l’alternance compte lancer à destination d’une opinion désormais intéressée à la rupture mais peu parée en conséquence. Le refus d’aller au festival des faux semblants ne tient ni du nihilisme, ni de la fuite en avant, encore moins d’une bouderie infantile mais réhabilite, plutôt, la convergence nécessaire, entre conviction, exigences du rapport des forces et droit naturel à l’insurrection de non-violence, devant les ruses, esquives et violations de la parole donnée, toutes pratiques de déloyauté où le pouvoir du moment noie ses concurrents et bride leur élan vers un lendemain meilleur. L’entreprise d’érosion de la confiance mutuelle grâce à l’usure du temps et à l’absence de résultat, ressortit d’une stratégie d’épuisement de l’adversaire, devant assurer, à la mouvance présidentielle, en somme à sa majorité issue de la fraude, le gain, renouvelable, de recycler des légitimités trimestrielles de bricolage. Cet artisanat bédouin de l’improvisation fait de bric, de broc et de sous-entendu inféconds, s’abîme dans la caducité, au fil des jours. Il découle davantage de l’incompétence et du calcul de court terme, que de la méchanceté. Par égard à l’abnégation constante des militants, sympathisants et amis de la lutte, il nous revient d’exposer, avec sobriété, les principaux motifs de défiance envers une gouvernance de l’instant, vouée à reproduire, en quantité industrielle, la paupérisation, l’ignorance, l’ethnicité et l’imprévoyance.
2. Depuis quelques mois, les autorités de la République islamique de Mauritanie, tentent d’organiser un « dialogue national », aux fins, apparentes, de raffermir la solidité du front intérieur et la cohésion de la société, sur des bases de franchise et de consensus. Tel, du moins, se présente le désir affiché de réduire les sources de tension interne, voire de les convertir en dynamique de résilience face aux menaces émergentes. En sus, du péril domestique de la discorde, monte, du Sahel central, la contagion de la violence ethnoreligieuse et son corollaire, le sauve-qui-peut de la migration vers l’Europe, notamment les îles canaries. D’ailleurs, les raisons ici déclinées relèvent d’une interprétation bienveillante, les auteurs de l’initiative de concertation n’ayant pas pris la peine d’argumenter quant à la finalité de l’exercice. Or, compte tenu des précédents du genre, après la chute de la dictature dès août 2005, les diverses séquences de quête d’un compromis durable pour refonder l’Etat et le contrat de citoyenneté, n’ont abouti qu’à des déclarations de principe, mais dont la mise en œuvre, sans cesse différée, finira par devenir synonyme de mirage.
3. Il convient, ici, de se rappeler les enseignements de la fameuse réunion de travail du ministre de l’Intérieur avec les représentants des partis, soient-ils reconnus ou en instance, 5 jours durant, au mois de mars 2024. Malgré les espoirs suscités et l’implication de Rag, l’affaire accoucha d’une imposture circonstancielle. Le système voulait seulement obtenir le concours le plus inclusif, à l’élection du Président de la République, le 29 juin de la même année. Chacun se souvient de la suite tragique, des manifestations réprimées et du risque, depuis lors installé, d’un délitement de la communauté de destin. L’obstination, des autorités, à empêcher les manifestations de rue et restreindre la contradiction sur les média publics s’étoffa, comble du mépris, d’une étape inédite d’hostilité aux promoteurs du changement : Le 11 juin courant, de retour à Nouakchott en provenance de Dakar – clôture d’une longue tournée auprès de la diaspora des grandes villes d’Amérique du Nord et d’Europe – le député Biram Dah Ould Abeid, fut privé d’accueil populaire. En vue d’endiguer la foule compacte de ses émules à la sortie de l’aéroport, la police anti-émeute et des dizaines de militaires du Bataillon de sécurité présidentielle (Basep) se déployaient, aux abords, des heures avant l’atterrissage, déterminés à dissuader la démonstration démographique.
4. La leçon nous a servis et il serait bien naïf de considérer, là, un sabotage du Dialogue, selon le bon vouloir d’une fraction du bloc hégémonique, hypothèse d’où procéderait, in fine, l’exonération d’une prétendue aile de colombes au sein du sérail. Pire, à présent, la norme liberticide des « symboles » incarne, le nouveau périmètre de la sacralité, en guise de censure oblique, sous couvert de la loi. Ainsi édifiés par le bilan de l’expérience, nous avons cessé de reconduire les illusions périmées et rejetons, désormais, les circonvolutions dilatoires et les faux rendez-vous au service de la prédation et de son impunité.
5. Cependant, hypothèse si peu probable, si les assises de la duperie venaient à produire une ébauche crédible et ambitieuse de renouveau, nous n’hésiterions à en entériner les conclusions et promouvoir le dessein. Notre bonne volonté à servir la paix par l’équité n’a d’égal qu’une identique détermination à congédier, pour de bon, la médiocratie prébendière des prévaricateurs, des tribus et des clans. Voici l’enjeu structurel du devenir de la Mauritanie, auquel la conscience des Justes ne saurait se dérober.
La Commission de Communication