Mauritanie-Sénégal : Esclavage, racisme et raison d’État

Le mercredi 9 juillet 2025, le président Biram Ould Dah Abeid s’apprêtait à prendre son vol Dakar -Nouakchott lorsqu’un appel de la Police de surveillance du territoire du Sénégal (DST) lui signifie sa convocation, au bureau du ministre de l’Intérieur, le vendredi 11 juillet, à 10h. Aussitôt, le député Mauritanien quitte son domicile à Rufisque pour se rendre au rendez-vous, dans le Médina. Il réclame un report de la rencontre, ayant prévu des rencontres importantes à Nouakchott, au cours de la semaine.

1. Le commissaire Diallo, chargé de lui notifier la directive lui précise, très courtoisement, que son Excellence le ministre de l’intérieur, le Général Jean-Baptiste Tine, tient absolument à le recevoir, au jour dit ; l’émissaire ajoute qu’un collègue du président Abeid, au sein de la coalition de l’Opposition mauritanienne anti-système, en l’occurrence Samba Thiam, leader des Forces progressistes du changement (Fpc)), est sollicité, lui aussi, dans le même cadre et à titre équivalent.

2. Samba Thiam, informé, décline l’offre mais le récipiendaire du Prix Onu des Droits de l’Homme, Biram Ould Dah Abeid, est prié de le rassurer, afin de le mieux convaincre de déférer à l’invitation. Le Président des Fpc avait réaffirmé son refus catégorique. Alors, le leader anti-esclavagiste vient, seul, à la rencontre du ministre de l’Intérieur le général Tine qu’accompagnaient le Directeur général de la police du Sénégal (DGPN) et le Directeur général de la police de surveillance du territoire du Sénégal (DST).

3. Passé l’accueil jovial et hospitalier, digne de la légendaire Téranga, le ministre informe, le numéro 1 de l’opposition mauritanienne, que les autorités de Nouakchott se plaignent de la violence d’un discours récemment contre elles tenu, par lui, durant son séjour au Sénégal. Surpris et perplexe, le député et président de l’Ira, demande si ses interlocuteurs disposent de l’oraison incriminée ; la réponse sera négative. Immédiatement, l’élu argumente que le seul délit à lui imputable sur le sol du pays d’accueil consiste à inscrire, dans le cursus de l’école séculière du Sénégal, un enfant libéré de l’esclavage par ascendance. Au terme d’années d’effort et d’endurance, le jeune Yarg vient de décrocher le baccalauréat de l’enseignement général, à Dakar. Le symbole de sa réussite alimente la Une des journaux et réseaux sociaux en Mauritanie et ailleurs.

4. Biram Ould Dah Abeid sort de l’entrevue avec le ministre, après lui avoir rappelé sa réticence constante à interférer dans la politique intérieure du Sénégal ou émettre des critiques aux dépens de la relation libérale entre les deux pays. Le parlementaire réitéra que les institutions actuelles de la Mauritanie peuvent lever son immunité et le faire juger au grief de n’importe quelle infraction. En conséquence, elles devraient s’abstenir de requérir le concours actif du Sénégal. 

Le président Biram Ould Dah Abeid a exprimé, sa disponibilité et celle de toute sa famille, à quitter le Sénégal, si le pouvoir exécutif ou l’une des instances judiciaires lui signifient l’injonction. La terre de Dieu est vaste. Quant au gouvernement mauritanien, aucune crainte légitime ne le fonde à persécuter, de surcroît à l’étranger, un adversaire non-violent, a fortiori exclu de l’usage des armes, dès sa naissance. Après la série des séquestrations, condamnations, emprisonnements et chantage stériles dont a été victime Biram Ould Dah Abeid, le régime agonisant des inégalités génétiques gagnerait à questionner l’efficience de ses méthodes de dissuasion. Qu’il incline ou non à se réformer, sa fin est programmée, irrésistible, peu importe la manière.

Nouakchott, 12/07/2025

La commission de communication

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